Atomik Strip // Plongeon atypique dans des cases et des bulles
Rédaction : Rébecca Deville / Photos : Margaux Voglet
Parfois, vous franchissez la porte d'une librairie et stupéfaction, aucun livre mais des albums d'images, des bandes dessinées, des comics, des mangas. Et être inondé.e d’images, ça a du bon parfois. Cette expérience, Tony Larivière la propose grâce à la création d’Atomik Strip, sa librairie spécialisée en BD dans le cœur de la Cité des Ours. Sautons donc à pieds joints dans cet univers d’onomatopées, de traits, de couleurs, de phylactères et autres termes chers au cœur de Mister Atomik.
Cinqmille : Avant toute chose, question un peu basique mais qui permet de savoir qui vous êtes : comment en êtes-vous arrivé à ouvrir cette librairie ?
J’ai toujours été passionné de BD. Mon oncle était dessinateur de BD (Édouard Aidant qui vient d’Andenne et qui a travaillé sur Tintin, Les Francs Val, etc.), donc j’ai toujours baigné là-dedans.
Pendant longtemps, j’ai eu l’impression d’être un extra-terrestre.
Depuis que je suis petit, je lis des BD avec Superman et Batman d’où mon intérêt pour les comics US. Puis, adolescent, je lisais des choses plus pointues. Je dénichais mes BD grâce à l’émission « Temps X » qui m’a permis de découvrir Moebius et Druillet, entre autres.
Pendant longtemps, j’ai eu l’impression d’être un extra-terrestre. Je faisais des dissertations sur la BD et j’avais l’impression que ça n’intéresserait que moi. Mais l’envie de partager cette passion a vite pris le dessus. Je me suis lancé dans la réalisation d’un fanzine photocopié, ce qui m’a permis de rencontrer d’autres passionnés. Puis un jour, je suis passé devant le château de Seilles. Je me suis dit que c’était un beau château pour organiser quelque chose en lien avec la BD et un ami m’a challengé. C’est comme ça qu’est née il y a 27 ans la fête de la BD – qui se fait maintenant à Andenne au centre culturel. Par la suite, le fanzine a évolué. C’est devenu un magazine de meilleure qualité nommé « L’inédit ». On pouvait y retrouver des illustrations, des histoires d’auteurs professionnels, des éditions spéciales avec des auteurs québécois ou espagnols. Il est en pause pour le moment mais je n’ai pas dit mon dernier mot !
Quand j’ai eu le déclic qui m’a poussé à quitter mon travail, tout s’est enchaîné très vite.
Je ne me suis pas orienté vers la BD après mes secondaires. J’ai fait assistant en pharmacie ce qui m’a permis de trouver rapidement du travail et d’enchainer 30 ans de carrière. Ce job n’était clairement pas ma passion. Je restais toujours passionné de BD et, surtout, j’avais toujours très envie de partager cette passion. Plus les années passaient, plus c’était difficile d’être épanoui dans mon travail à la pharmacie. Je ne m’amusais pas. Par chance, ma femme, qui n’a jamais aimé la BD, m’a soutenu dans mon envie d’ouvrir une librairie. Quand j’ai eu le déclic qui m’a poussé à quitter mon travail, tout s’est enchaîné très vite. Il y avait cet espace en location que j’avais déjà repéré. C’est l’espace dans lequel se trouve Atomik Strip depuis maintenant neuf ans.
Crédit Photo : Margaux Voglet Crédit Photo : Margaux Voglet
C : Ce n’était pas trop effrayant d’ouvrir une librairie spécialisée ?
C’était un vrai challenge car, généralement, c’est dans les grandes villes qu’on trouve ce genre de librairie. Je voulais ouvrir un magasin où on trouve ce qu’on vient chercher et où on peut trouver des choses plus rares comme des Art Book, des Comics, des imports venant des États-Unis ou des mangas. J’ai évidemment un peu ramé au début. La librairie n’était pas remplie comme elle l’est maintenant. Mais petit à petit, je me suis constitué une clientèle fidèle, sensible au fait que je ne suis pas un pur commerçant mais un vrai passionné. Mon dicton c’est : « Mieux vaut se perdre dans sa passion que perdre sa passion ».
C : Vous êtes toujours seul dans votre librairie ou vous avez pu engager quelqu’un ?
Nous sommes deux car, en travaillant seul, la routine s’installe. Il ne faut pas oublier aussi que le métier de libraire demande beaucoup de manutention. J’en arrivais à un stade où je ne faisais plus que ça (déballer, ranger, encoder tout manuellement). J’ai donc engagé Michaël (alias Sym, il est aussi dessinateur). Il est plus jeune que moi, on a beaucoup de goûts communs – ce qui est important à mes yeux – mais il aime aussi des choses que je n’aime pas. On est donc vraiment complémentaires ce qui est un plus pour les conseils. Si je ne sais pas, lui il sait. Tous les clients s’y retrouvent !
C : Comment se passe la sélection pour votre catalogue ?
Je fais partie du groupe « Les super libraires » où on partage pas mal d’idées concernant les dernières sorties. Je reçois parfois aussi des avant-premières via les diffuseurs. Avec tout ça, je sélectionne ce qui me plait car je sais que je vais arriver à bien défendre l’ouvrage. Je reste cependant très attentif à ce que disent les clients, cela me permet de vendre des choses différentes de ce qu’on peut trouver ailleurs.
Je lis plus chez moi, le matin, une heure par jour pour me tenir au courant des sorties.
C : Cela vous prend combien de temps en termes de lecture par semaine tout cela ?
Ça ne me prend pas tellement de temps sur place. Je lis plus chez moi, le matin, une heure par jour pour me tenir au courant des sorties. Je lis également énormément de revues comme « Casemate » ou encore « dBD » et « L’Immanquable ». Ça me permet de pouvoir parler de BD que je n’ai pas forcément lues et d’être au courant de ce qui sort. Et on essaie avec Michaël de ne pas lire les mêmes choses, parfois après ¼ d’heure une BD me tombe des mains alors que Michael va la lire et l’adorer.
C : Avec toute cette sélection entre les mains, comment vous organisez votre librairie ?
On fait un classement par thématique et pas par édition. Cela permet de mettre en avant autant les petites maisons d’édition que les grosses. Elles sont mises sur un pied d’égalité. Le seul critère sera si la BD nous a vraiment plu ou pas.
Nous avons à cœur de soutenir les jeunes artistes ou les plus petites maisons. On invite parfois des petits auteurs, on en parle dans la presse locale histoire de leur donner un coup de pouce.
J’ai toujours adoré collectionner les cartes Panini® quand j’étais petit
C : L’après-confinement, on en parle ou sujet compliqué ?
On n’a pas eu trop de problème avec le confinement. Les aides de l’État nous ont permis de rester dans le vert jusqu’au déconfinement. Et puis le confinement nous a permis de réfléchir à des idées afin de donner envie aux clients de venir et de revenir. J’ai toujours adoré collectionner les cartes Panini® quand j’étais petit et, vu que Michaël est illustrateur, on s’était dit qu’il fallait combiner cela ! C’est comme cela que nous est venue l’idée du catalogue avec les Sketch Card à collectionner. On en donne au hasard à différents paliers d’achat. Il y en a aussi qui sont mises en concours ou alors que l’on peut gagner lors d’événements particuliers. C’est Michaël qui a réalisé la plupart des cartes et on a eu la chance d’avoir des illustrateurs qui en ont dessiné également. On a donc encore un beau petit lot de cartes ainsi que plusieurs originaux. Cela a vraiment bien pris auprès de notre clientèle. Il y a un groupe d’échanges qui s’est même crée ! C’est vraiment bon enfant.
C : Je vais poser la question probablement la plus complexe : quelle est votre BD favorite ?
Effectivement, c’est rude comme question ! Je suis un vrai fan de science-fiction et c’est assez compliqué d’en choisir une seule. Je dirais mes auteurs cultes : Moebius, Kirby et Wallace Wood. Je me rends compte que je suis plus attiré par le dessin que par les histoires en elles- mêmes. Cela reste un équilibre.
Les sorties namuroises
Par Tony Larivière (Atomik Strip)
Dessiner, illustrer - Mode d'emploi en BD (éditions Eyrolles) par Yuio
Étienne « Yuio » Simon est un auteur complet : enseignant, illustrateur, dessinateur, coloriste, et scénariste. Il a à son actif de nombreuses illustrations pour des jeux de société, des livres jeunesse et bien sûr des BD.
Il nous propose ici une BD pour découvrir les bases de l'illustration et de la création de bande dessinée à travers une galerie de personnages qui vous enseignent les fondamentaux de la création de personnages, de la mise en couleurs, de la perspective, du lettrage et tout un tas d'astuces indispensables.
La Bête (Dupuis) par Zidrou et Frank Pé
Novembre 1955. Un cargo accoste au port d'Anvers. La cargaison d'animaux exotiques a mal supporté le voyage. Une bête féroce s’enfuit et se retrouve dans la banlieue de Bruxelles. Elle est recueillie par un jeune garçon fan d'animaux dont le quotidien est loin d'être facile…
Zidrou et Frank Pé reprennent le mythique Marsupilami. Du sur-mesure pour l’Andennais Frank Pé passé maître dans l’art de représenter les animaux.
Lord Jeffrey, tome 2 : La Nuit du Cerf (Kennès) par Joël Hemberg et Pierre-Yves Hamo
Fraîchement arrivé dans un collège destiné aux futurs espions de Sa Majesté, Jeffrey Archer explore le dédale de couloirs et découvre le secret qui se cache derrière la porte du Terrier, l'unique endroit interdit aux pensionnaires.
Hamo, auteur namurois multi-facettes (il est aussi musicien) nous livre ici une intrigue d’espionnage dans l’Angleterre d’après-guerre.
L'Éveil (Delcourt) par Vincent Zabus et Thomas Campi
Arthur, hypocondriaque, croise la route de Sandrine, une curieuse jeune femme qui l’entraîne à « La Quincaillerie », où se fomentent d'étranges actions militantes visant à ouvrir l'esprit des gens. La vie d'Arthur est en passe de changer…
Vincent Zabus, également connu dans le monde du boniment, nous propose ici une fable en phase avec les tensions actuelles. Un récit original dans sa narration et dans sa conception graphique. Le trait et la mise en page de Thomas Campi sont un pur régal visuel.
Les libraires BD indépendants à Namur :
Atomik Strip
Rue du Commerce 32
5300 Andenne
www.atomik-strip.be
Ad Hoc
Rue Saint-Jean 8
5000 Namur
www.facebook.com/adhoc.bd
Mais aussi la plus grande bédéthèque de Wallonie :
La Baie des Tecks
Traverse des Muses 17
5000 Namur
www.facebook.com/labaiedestecks